Le consortium Green Grid (« réseau électrique vert ») vient d'organiser à Denver sa conférence inaugurale de travail. Son objectif : développer les standards et les protocoles qui doivent permettre aux entreprises, tous secteurs confondus (services de santé, médias, services financiers...), de réduire les coûts énergétiques de leurs centres de données tout en améliorant leurs performances, et donc les économies d'échelle. « Les deux préoccupations essentielles des entreprises sont la hausse du coût de l'électricité et la manière d'augmenter la puissance informatique sans faire croître la taille des installations », indique Jay Parker, directeur du Power Server Group chez Dell. Sans compter les limites inhérentes des ressources électriques et, dans certains cas, de l'espace disponible.
3 milliards de dollars
Créée il y a un an par 11 membres fondateurs dont AMD, Dell, Hewlett-Packard, IBM, Intel, Microsoft et Sun Microsystems, l'organisation a été officiellement lancée fin février. « Pour moi, le déclic s'est produit en décembre 2005, lors d'un banal sondage mené auprès de nos clients, indique Bruce Shaw, un cadre d'AMD, également membre du conseil d'administration du Green Grid. Cette année-là, notre questionnaire portait sur le coût du refroidissement des serveurs. Résultat : 1.300 réponses au lieu des 200 attendues. Tout le monde s'accordait à reconnaître qu'il s'agissait d'un vrai problème, mais personne ne parlait un langage commun qui pût permettre de trouver des solutions. »
En 2005, par exemple, les centres de données informatiques aux Etats-Unis ont consommé 4,5 milliards de kWh (kilowatt-heure), soit plus de 3 milliards de dollars de dépenses énergétiques, selon une étude réalisée pour AMD. Le problème de la consommation énergétique des centres de données est complexe puisqu'il comporte plusieurs aspects nécessitant plusieurs types de compétences bien spécifiques. Il faut par exemple savoir mettre en relation la complexité des logiciels et la quantité d'électricité requise pour les faire fonctionner. Par ailleurs, le design des installations et la structure physique du local ont évidemment un impact sur les exigences en termes de refroidissement. D'où l'idée de créer un forum qui rassemble des acteurs détenant chacun un morceau du puzzle.
Eduquer les entreprises
Hormis le développement de protocoles et de standards techniques, le Green Grid vise à éduquer les entreprises et à éveiller leur attention sur les opportunités d'économie et de croissance dans leurs centres de données, quels que soient leur taille, leur configuration et leur degré de saturation.
L'ambition est planétaire. Car si les membres fondateurs du Green Grid sont des sociétés américaines, les participants sont avant tout des multinationales soucieuses d'assurer que la croissance de leur marché ne sera pas stoppée net par l'insuffisance des ressources disponibles. « Dans tous les secteurs, sur tous les continents, les entreprises utilisent l'outil informatique de manières nouvelles et inédites, et les besoins ne font que croître », souligne Rick Schuckle, un cadre de Dell également membre du conseil d'administration du Green Grid.
Ces préoccupations sont d'ailleurs partagées par le gouvernement américain. L'Agence pour la protection de l'environnement (EPA, Environmental Protection Agency) envisage d'encourager la commercialisation de serveurs moins gourmands en énergie en élargissant son programme « Energy Star » réservé pour l'instant à l'électroménager. Plusieurs ébauches de rapport ont été soumises à commentaires publics et une version définitive doit être présentée au Congrès avant la fin de l'année.
Source : Les Echos