Pour concevoir des bâtiments à haute efficacité énergétique, neufs ou rénovés, les équipes de l’Institut National de l’Energie Solaire (INES) développent des approches globales par modélisation et étudient l’introduction de technologies innovantes. Un premier chantier de démonstration s’achèvera mi-2007.
Dans ce bâtiment lyonnais de 2000 m2 construit en 1974 où travaillent 60 personnes, le manque d’isolation se traduisait l’été par des températures dépassant parfois 30°C et toute l’année, par de fortes consommations énergétiques. L’installation d’une climatisation aurait encore augmenté ces consommations d’énergie de 50%. La mise en place d’une isolation extérieure, d’une pompe à chaleur réversible et de panneaux photovoltaïques va la diviser par quatre !
“Nous n’avons pas abordé ce cas comme un installateur ou un bureau d’études, mais en tant que chercheurs, précise André Manificat, chef du projet GENHEPI* : définition de zones thermiques, modélisation du bâtiment, simulation de paramètres comme l’épaisseur des isolants ou les types de vitrage... De même, nous allons instrumenter le bâtiment et suivre pendant trois ans les températures, les consommations, les déperditions de chaleur, etc.”.
GENHEPI, lancé en 2005, utilise en effet les chantiers réels comme démonstrateurs in vivo mais vise des objectifs plus larges : la mise au point d’une approche globale de l’efficacité énergétique des bâtiments. “En France, ils représentent 46% de la consommation d’énergie ; c’est le domaine prioritaire où réaliser des économies” rappelle André Manificat.
En pratique, l’objectif est de concevoir des bâtiments dont la consommation annuelle atteindrait une valeur maximale de 60 kWh/m2 en énergie primaire, soit environ le tiers des valeurs d’aujourd’hui, et dont la réduction de production de gaz à effet de serre pourrait atteindre un facteur 4.
Le programme réunit déjà, aux côtés des chercheurs (CEA, CSTB, CNRS, Université de Savoie), une dizaine d’industriels notamment des fabricants de matériel solaire ou de pompes à chaleur, des bureaux d’études, des cabinets d’architectes, un fournisseur d’énergie, etc. Des collectivités locales et une grande entreprise adoptent le concept et fourniront les prochains démonstrateurs... “Nous formons une équipe, pas un club, et d’autres partenaires sont les bienvenus.”
La démarche des chercheurs se déploie sur tous types de bâtiments et de “profils” d’utilisation : bureaux, crèches, habitations individuelles et collectives, salle des fêtes etc . A terme, elle sera traduite sous forme de fiches techniques ou d’outils de modélisation simplifiés.
GENHEPI cherche aussi, à travers des thèses, à valoriser des technologies innovantes comme la gestion dynamique de systèmes multi sources d’énergie : “si les composants énergétiques sont mal coordonnés, ils fonctionnent fréquemment en phase transitoire, dans laquelle leur efficacité est la plus faible, explique André Manificat. Sur ce seul point on peut espérer accroître l’efficacité énergétique d’environ 20%.”
* Gestion de l’Energie pour l’Habitat Econome Promoteur d’Innovations
Source : CEA Technologies
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