Quelques fétus de paille virevoltent au-dessus du champ moissonné. « C'est une mini-tornade » plaisante Jordan Cormeau. On pense au soleil qui tape fort cet après-midi là, mais les mirages sont rares en Picardie. L'ambiance est ici à la « Grande Plaine », mère nourricière de la Tornado Alley et des Américains. Les cultures trustent la terre à perte de vue, des usines voisinent tranquillement avec les fermes et les tracteurs sont énormes.
Le Santerre, un plateau crayeux, la Rolls du terroir agricole. Les paysans ne s'y sont pas trompés : depuis des siècles, c'est l'une des meilleures terres de France. « Son homogénéité est rare, elle fait de nos champs d'expérimentation une référence en Europe », explique le chercheur de l'Institut national de recherche agronomique qui possède ici 25.000 parcelles expérimentales sur 150 hectares.
Au bout d'une de ces pistes bétonnées qui sillonnent le domaine, façon tarmac, on surprend quelques parcelles habitées de plantes bizarres, hautes comme des arbres ou basses comme des mauvaises herbes, disposées en petits carrés de 50 mètres de large. Une distraction bienvenue pour une terre lassée des betteraves, des patates et autres céréales. Pourtant, dans quelques années, des millions d'hectares pourraient s'offrir au miscanthus, à la triticale ou au panic érigé, avec pour projet fou de remplacer le pétrole. Une belle revanche pour ces espèces « pouilleuses », de se voir confier la mission de désintoxiquer l'humanité de l'or noir.
« Nous voulons faire un bilan précis de biomasse sur six plantes intéressantes pour les biocarburants de seconde génération, explique Jordan Cormeau. Beaucoup de gens sont partis bille en tête dans la mise au point des procédés, mais nous pensons à l'Inra que la question centrale reste l'évaluation de la ressource en biomasse ». Si elle est minorée par les promoteursles plus convaincus de la nouvelle filière, cette inconnue est justement brandie par les sceptiques. Leur argument : il n'y pas assez de terres arables pour assurer les cultures alimentaires et énergétiques.
L'agronomie tente maintenant d'objectiver le débat. « Jusqu'alors, les estimations du potentiel de biomasse mobilisable ont été faites de manière globale en extrapolant les rendements connus au niveau national. Pour être plus précis, il faut faire l'inverse et partir des modélisations au niveau local », défend Ghislain Gosse, le « monsieur biocarburant » de l'Inra. Ses expérimentations visent justement à récolter la donnée de base : quelle masse de matière chaque espèce peut-elle fournir chaque année sans affecter son environnement ? « Il s'agit de mettre en balance la production maximale de biomasse avec le recours minimal aux engrais, aux pesticides et à l'eau », précise Jordan Cormeau.
Avant plantation, les chercheurs ont donc mesuré la composition du sol en carbone et en azote. A la récolte, la mesure des mêmes composés déterminera les rendements mais aussi l'épuisement des nutriments de la terre. Chaque candidat est testé sur trois parcelles différentes où l'on varie la quantité d'engrais pour connaître leur efficacité.
Limiter les fertilisants
Trois types de plantes sont testés. Deux plantes annuelles d'abord, avec le sorgho fourrager, bonne céréale résistant à la sécheresse, et le triticale, un hybride de seigle et de blé connu pour ses bons bilans. Deux cultures pérennes classiques sont aussi évaluées. Elles présentent l'intérêt d'éviter les repiquages producteurs d'effet de serre. La luzerne offre les avantages des légumineuses : elle entre en symbiose avec des bactéries du sol qui la fournissent en azote. En échange, l'herbacée leur apporte le carbone qu'elle photosynthétise. Cette relation diminue les rendements de la luzerne mais améliore le bilan environnemental en limitant le recours aux fertilisants azotés. L'Inra évalue aussi la fétuque car cette graminée est représentative des plantes de prairies, des surfaces susceptibles d'être réquisitionnées pour les biocarburants.
Enfin, d'autres parcelles accueillent des plantes pérennes non conventionnelles, peut-être les plus prometteuses. En particulier le miscanthus, vedette du moment de l'énergiculture. En Asie, sa terre natale, on la plante parfois pour protéger son chez-soi, car ses feuilles coupent comme des lames. Cette canne exotique séduit pour sa forte productivité, 15 à 20 tonnes à l'hectare en général. On lui connaît encore peu de ravageurs en Europe, ce qui limiterait l'épandage des biocides. Elle a jusqu'ici effrayé l'Occident, car ses rhizomes ont tendance à se disséminer comme un bambou. L'Inra a donc utilisé une variété stérile.
Ses agronomes ont aussi réservé quelques parcelles à la canne de Provence qui s'étonne encore de profiter de telles terres. Dans le Sud ou en Espagne, on ne lui laisse guère que les fossés pour s'épanouir. Certains l'ont même vu pousser dans les dunes, c'est dire sa frugalité.
Evaluer le peuplier
D'autres essais évaluent le concept de culture d'arbres à courte rotation. Il consiste à planter des arbustes poussant rapidement et à les récolter au bout de quelques années. La Suède a plus de vingt ans d'expérience sur le saule pour lequel des machines de moisson spécifiques ont même été créées. La France a décidé d'évaluer le peuplier, moins connu.
Ces cultures permettront un premier bilan fiable mais les agronomes prévoient des années de travail supplémentaires sur les plantes les plus « exotiques ». « On connaît parfaitement le métabolisme et la pratique agraire des céréales ou des betteraves après des siècles de domestication, mais on part quasiment de zéro pour des plantes sauvages comme le miscanthus ou pour les arbres comme le peuplier auxquels on ne s'était jamais intéressé. On doit refaire de l'agronomie de base comme de l'écophysiologie et préciser la relation de ces espèces avec chaque environnement local » indique Jordan Cormeau.
Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique, Syngenta, Monsanto, DuPont et d'autres acteurs des biotechnologies testent des variétés génétiquement modifiées de miscanthus, de panic érigé ou de soja.
Source : Les Echos
Bonjour
Ivoirien de nationalité ,32 ans et séduit par les applications du
Miscanthus,mon projet est de créer un réseau de cette espèce en terre
africaine pour atteindre dans les 10 ans à venir,des surfaces assez
considérables qui pourraient de par la production participer à l'independance énergétique ,et surtout etre une réponse sure à la
protection de l'environnement tout en générant des emplois .
En 3 ans,je me suis documenté sur la plante ,me suis formé tant bien
que mal ,ai lu toutes les publications des unités de
recherche sur le sujet et je suis convaincu que la réalisation d'un
tel projet saura repondre à bien d'enjeux pour un developpement
durable.
Votre expérience que j'ai lu sur le net m'a séduit et je voudrais tout
en vous félicitant,vous soumettre mon projet,en espérant vivement
recevoir de vous directions et assistance pour donner corps aux
Plantations Africaines de Miscanthus(PAMI).
Cordialement
Jean-Noël AHONDJON
Rédigé par : Jean-Noel AHONDJON | 12 janvier 2009 à 22:43