Une bulle d'éthanol aurait-elle explosé à Wall Street? L'appétit des investisseurs pour les producteurs de ce biocarburant auquel le plus grand des avenirs était prédit voilà encore quelques mois semble rassasié. Coté en juin dernier, le titre VeraSun Energy avait bondi de 30% le jour de son entrée en Bourse. Il s'échange actuellement autour de 16 dollars, soit pratiquement la moitié de son prix d'introduction. Aventine, qui est arrivé sur le marché le même mois, connaît un sort similaire. Son action plonge de 48% depuis son sommet annuel touché peu après sa si prometteuse "IPO". Le troisième producteur américain d'éthanol, Hawkeye Holding, devait pour sa part faire une entrée fracassante à Wall Street à la rentrée de septembre. Voilà deux semaines, le groupe a annoncé qu'il préférait reporter son introduction du fait des "conditions de marché".
Quelles sont donc ces conditions si précaires? Tout d'abord, les producteurs semblent avoir anticipé un peu trop vite l'engouement des consommateurs et des industriels pour l'éthanol. Leur production monte en puissance, mais bien plus vite que la demande. Si bien que les cours de l'éthanol s'effondrent. Aux alentours de 2,2 dollars le gallon (3,8 litres), le prix du carburant vert se trouve au plus bas depuis janvier dernier.
Selon la Renewable Fuels Association, lobby basé à Washington qui regroupe les professionnels du secteur, il existe actuellement 103 distilleries d'éthanol aux Etats-Unis. Opérationnelles, celles-ci peuvent produire jusqu'à 4,9 milliards de gallons par an.
Pour les analystes, le fait que les distilleries poussent comme des champignons explique la chute actuelle des cours - de Bourse comme du carburant -, les investisseurs craignant que les producteurs ne se retrouvent avec d'amples stocks sur les bras.
Leurs craintes sont certainement fondées. L'Association indique que 42 nouvelles distilleries sont en cours de construction et que sept font l'objet de travaux d'expansion. Au total, ces nouvelles installations devraient permettre aux producteurs d'augmenter leurs capacités de 2,96 milliards de gallons, soit de 60% par rapport au niveau actuel!
Autre problème pour le secteur, les cours de l'or noir sont en net repli. L'effet est mécanique: plus le prix de l'essence baisse, moins la nécessité de réformer les habitudes énergétiques des Américains semble justifiée. L'administration Bush a une vision à plus long terme pour le pays. La loi sur l'énergie signée l'an dernier par George W. Bush ("Energy Policy Act") prévoit que les raffineurs doublent leur utilisation d'éthanol pour la faire passer à 7,5 milliards de gallons à l'horizon 2012. Si le plan de marche des Hawkeye et consort se déroule comme prévu, les producteurs auront la capacité de répondre à une telle demande avec cinq ans d'avance.
Source : La Tribune
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