Ils étaient tous là : Alstom, General Electric, RWE, Shell, Vattenfall, BP, Statoil, Siemens, Gaz de France, EDF, Suez, Endesa, Total... Tous les grands noms européens de l'énergie étaient présents à Bruxelles les 12 et 13 septembre, lors de l'assemblée générale de ZEP (Zero emission platform), pour célébrer le nouvel avenir de la production d'électricité, selon eux : la centrale thermique à charbon dont les émissions de gaz carbonique seront enfouies dans le sol.
La démarche part du constat que le charbon étant bien plus abondant que le pétrole et le gaz, il jouera obligatoirement un rôle dans le futur : selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), il fournira 9,8 térawattheures (TWh) en 2020 contre 7 TWh en 2003, soit 40 % de la production d'électricité aux deux dates. Problème : le charbon est fortement émetteur de CO2, alors que le changement climatique devient le principal facteur dont doit tenir compte l'industrie de l'énergie. Solution : développer de nouvelles centrales à charbon capables d'isoler le gaz carbonique émis et de le séquestrer dans le sous-sol.
L'industrie y croit d'autant plus que les méthodes étudiées laissent espérer des systèmes opérationnels dans quelques années. C'est d'ailleurs le principal objet de ZEP : réaliser une dizaine de projets de démonstration d'ici à 2020 pour être prêt à une application commerciale.
Trois filières techniques sont explorées pour la séparation du gaz : la post-combustion consiste à isoler le gaz carbonique de l'azote dans les fumées rejetées par la centrale ; dans la pré-combustion, on enlève le carbone du combustible pour ne laisser que l'hydrogène, qui est le combustible brûlé en turbine à gaz ; la combustion oxyfuel, enfin, se produit avec l'oxygène après que l'azote a été retiré de l'air en sortie.
Outre la séparation du CO2, la deuxième question est celle de sa séquestration. Les spécialistes envisagent de le stocker dans des couches pétrolières. Une autre issue est celle des aquifères salés, à 1 500 m environ de profondeur, et qui sont très nombreux. Mais ces structures géologiques sont encore très peu connues. On pourrait aussi injecter le gaz carbonique dans les mines de charbon, ou encore viser une séquestration minérale, par combinaison chimique du CO2 avec des roches.
Le principal obstacle au développement de cette technique est sans doute là : rien ne garantit que le CO2 injecté en souterrain ne fuira pas au bout de quelques décennies. L'industrie électrique fossile risque de découvrir la même problématique que l'industrie nucléaire, incapable de garantir la pérennité du stockage souterrain de ses déchets. "Aucune fuite ne pourra être admise", affirme le document stratégique de ZEP. Un article paru dans la revue Geology en juillet 2006 a cependant montré que l'étanchéité d'une nappe profonde pourrait ne pas être garantie.
Mais plusieurs grandes organisations écologistes, comme le WWF ou Bellona, en Norvège, soutiennent la technique. "C'est l'option la plus importante dont on dispose pour parer au changement climatique, dit Frederic Hauge, directeur de Bellona. On pourrait absorber ainsi un cinquième des émissions d'ici à 2050."
Cependant, souligne Pierre Le Thiez, de l'Institut français du pétrole, "il faudra stocker des centaines de millions de tonnes de CO2 pendant des siècles, voire des millénaires. Quelle industrie peut prendre une responsabilité sur mille ans ?".
Source : Le Monde
Je suis contente de voir que de plus en plus de personnes ce sentent concernés par l'environnement et j'éspere que les choses vont continer dans ce sens!
Rédigé par : Solar Power Girl | 18 novembre 2009 à 01:14