Un processus mis au point par l’entreprise lausannoise Ecodiesel S. à r.l. permet de
Arthur Rimbaud disait faire de l'or en pétrissant la boue. L'ambition d'Eduardo Leite est sans doute moins poétique, mais sera plus directement utile aux automobilistes. Le scientifique et homme d'affaires d'origine portugaise va en effet installer à Yverdon, dans l'un des espaces libres des usines Leclanché, un centre de production de biodiesel dont la matière première sera constituée exclusivement de déchets.
Si le processus chimique à l'œuvre – la transestérification, qui transforme la glycérine en éthanol ou en méthanol – est déjà utilisé dans d'autres centres, la technique développée par Eduardo Leite possède un avantage de taille: il n'est plus nécessaire de «nettoyer» le produit fini. «C'est un élément essentiel pour que notre philosophie soit respectée, précise le fondateur d'Ecodiesel S. à r.l. Il serait inconcevable pour moi de consommer et de polluer huit litres d'eau chaude pour produire dix litres de biocarburant, comme c'est la norme ailleurs.»
Technique éprouvée
La méthode développée par l'ingénieur formé à l'EPFL est déjà en exploitation dans trois centres qu'il a construits: deux au Portugal et le troisième en Roumanie. «J'ai choisi d'installer l'entreprise à Lausanne pour pouvoir poursuivre la recherche dans les meilleures conditions possibles», explique-t-il.
Sur le site yverdonnois, les premiers litres de biodiesel devraient couler dans moins d'un mois. «D'ici la fin de l'année, nous devrions pouvoir produire mensuellement 30 000 litres. Pour 2007, nos objectifs sont de produire 1,5 à 2 millions de litres, en implantant un nouveau centre du côté du Valais», poursuit l'entrepreneur.
La proximité avant tout
Plutôt que de créer une grosse usine, Eduardo Leite préfère en effet plusieurs centres décentralisés. «La proximité est un critère absolument fondamental dans notre démarche», insiste-t-il. Les voies de communications à Yverdon et la disponibilité des locaux, de même que l'accueil du développement économique local, ont joué en faveur du choix de la cité thermale.
«Pour le Valais, j'aimerais surtout profiter de l'énorme gâchis qu'il y a aujourd'hui durant la saison d'hiver», poursuit-il. Bondés, les hôtels et restaurants occupés par les sportifs des neiges pourront en effet lui fournir d'importantes quantités de matières premières, qu'il n'est pas question pour lui de transporter sur des centaines de kilomètres.
En plus du centre en construction à Yverdon, Ecodiesel poursuit ses recherches pour développer sa technologie. De bonnes perspectives sont en train de s'ouvrir pour la réalisation d'unités de traitement mobiles ou facilement intégrables, qui peuvent aller transformer sur place les graisses retenues dans les step.
Techniquement maîtrisée, la méthode d'Ecodiesel a séduit l'Administration fédérale des douanes, qui lui a accordé une détaxe. Grâce à cette mesure, ce biodiesel devrait pouvoir être plus avantageux à la pompe que le dérivé du pétrole.
Sources : 24heures.ch