Tout en s'enthousiasmant sur les vertus de l'éthanol, les Etats-Unis cherchent aujourd'hui une alternative au maïs pour fabriquer ce biocarburant afin d'accroître son développement et, à terme, leur indépendance énergétique.
En début d'année, le président américain George W. Bush prônait, entre autres, l'essor de l'éthanol pour réduire les importations américaines de pétrole du Moyen-Orient. Il avait fait adopter l'an dernier une loi visant à doubler la production annuelle de ce biocarburant, de 4 milliards de gallons aujourd'hui (1 gallon = 3,8 litres) à près de 8 milliards par an d'ici 2012.
Alors que le premier producteur mondial d'éthanol, le Brésil, le fabrique à partir de la canne à sucre, la quasi totalité de l'éthanol (97%) fabriqué aux Etats-Unis l'est à partir du maïs.
"Tant que le lobby agricole, très influent auprès des parlementaires américains de certains Etats, fait pression pour promouvoir l'éthanol et que les subventions étatiques subsistent (actuellement de l'ordre de 51 cents par gallon, ndlr), le maïs sera plébiscité aux Etats-Unis", souligne Phil Flynn, d'Alaron Trading.
A en croire la plupart des analystes, son utilisation devrait en effet fortement augmenter au cours des prochaines années, en raison d'une demande qui ne cesse de croître et qui aurait même été jusqu'ici sous-estimée.
"Il y a actuellement aux Etats-Unis 101 usines de production en activité et 36 autres le seront d'ici deux ans", souligne Joe Victor, analyste d'Allendale.
"Et pour la première fois l'an prochain, la production de maïs destinée à fabriquer de l'éthanol sera équivalente à celle destinée aux exportations", ajoute-t-il.
Selon différents experts, le pays pourrait produire jusqu'à 14 milliards de gallons d'éthanol par an à partir du maïs ce qui, rapporté aux 144 milliards de gallons d'essence consommés annuellement par les Américains, ne représenterait toutefois que 10% du total.
Mais "le volume de production ne peut être considérablement augmenté au-dessus de cette limite, sous peine d'entrer en conflit avec les usages alimentaires du maïs", explique Tien Nguyen, analyste au département américain de l'Energie.
"La seule manière de produire davantage d'éthanol est donc d'utiliser de nouvelles ressources, non affectées à d'autres usages, telles que les déchets agricoles: les résidus de maïs, les déchets de bois, la paille ou l'herbe", poursuit-il.
Pour les valoriser, il convient de "casser" chimiquement les chaînes lignocellulosiques qui forment les enveloppes des cellules végétales. Transformées en sucres par hydrolyse, celles-ci peuvent ensuite être fermentées.
Des procédés existent pour produire ainsi de l'éthanol, mais ils ne sont pas encore rentables.
Si actuellement le coût de production d'un gallon d'éthanol revient à environ 1,20 dollar, les analystes pronostiquent que d'ici quelques années, produire de l'éthanol à partir de la cellulose pourrait permettre une réduction de coût d'au moins 10 cents par gallon.
Plusieurs entreprises ont d'ailleurs compris que maîtriser ces technologies feraient d'elles de vraies poules aux oeufs d'or.
Ainsi Dyadic International, une société américaine de biotechnologie, a isolé il y a une dizaine d'années un champignon en Russie, produisant une enzyme qui permet d'accélérer la conversion de la cellulose en éthanol.
Si elle n'est pas encore commercialisée, "il s'agit d'une technologie d'avenir, qui permettra la fabrication d'éthanol à un coût moins élevé qu'aujourd'hui", prédit son PDG, Mark Emalfarb qui table sur sa forte rentabilité.
Source : Environnement - info
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