Encore loin des capacités installées en Allemagne ou en Espagne, la France s'efforce de rattraper son retard. A l'horizon 2010, le gouvernement espère que 13.500 MW d'éolien seront en service dans l'Hexagone. Un pari difficile à tenir.
Quand trois des plus grands électriciens européens investissent au même endroit au même moment, c'est qu'à coup sûr un marché prometteur est en train de naître. On ne s'étonnera donc pas qu'à quelques jours d'intervalle, EDF, l'espagnol Iberdrola et l'italien Enel aient dévoilé le mois dernier leurs ambitions sur le marché français de l'éolien. Un marché longtemps resté en friche, mais offrant désormais, de l'avis général, un potentiel considérable.
L'électricien tricolore, qui est déjà le premier exploitant d'éoliennes sur son marché domestique, entend conforter son rang de leader en portant dans les cinq ans qui viennent sa part de marché de 15 % à 20 %. Il investira pour cela la bagatelle de 3,3 milliards d'euros dans des parcs éoliens, comme il l'a fait dans celui de la Moure, dans l'Hérault, inauguré début juillet. Déjà présent dans l'Hexagone - il a notamment construit une ferme éolienne dans le sud de la Bretagne -, Iberdrola vient quant à lui d'acquérir un petit spécialiste du secteur, Perfect Wind, qui lui permettra de s'installer durablement dans le paysage. L'achat par Enel, le mois dernier, de la société Erelis répondait au même objectif.
Tarifs plus attractifs
Pourquoi cet engouement soudain pour la filière éolienne française ? Parce qu'après des années de flottement, cette dernière amorce son décollage et semble enfin en mesure de rattraper son retard sur des pays tels que l'Allemagne et l'Espagne, dont le « gisement » éolien est exploité de longue date. Les pouvoirs publics ne sont pas étrangers à cette montée en puissance. Ils ont récemment rendu les tarifs d'achat du courant d'origine éolienne encore plus attractifs, suscitant d'ailleurs des critiques de la Commission de régulation de l'énergie. Celle-ci estime que la facture devient beaucoup trop élevée pour la collectivité.
La dernière enquête diligentée par Bercy le confirme : jamais autant de projets éoliens n'avaient fleuri sur le territoire français. Entre le 1er février 2005 et le 1er février 2006, 202 permis de construire ont été délivrés dans l'Hexagone pour des champs d'éoliennes.
Au total, 661 demandes de permis étaient il y a sept mois en cours d'instruction.
S'ils aboutissaient, les projets en question feraient naître 4.651 mégawatts (MW) de capacités éoliennes supplémentaires. Six fois plus que le parc actuel ! « La forte dynamique observée conforte les scénarios de croissance de l'éolien les plus ambitieux envisagés par le gouvernement », se réjouissait récemment le ministre délégué à l'Industrie, François Loos.
Mais beaucoup reste à faire : si l'on s'en tient à la programmation pluriannuelle des investissements élaborée par ses services pour la période 2005-2015, 13.500 mégawatts d'éolien devront avoir été mis en service à l'horizon 2010. Soit environ 18 fois plus que la capacité installée à la fin de 2005... Le ministre reconnaissait début juillet que le pari serait presque impossible à tenir : au rythme actuel, pourtant soutenu, le seuil des 13.500 mégawatts pourrait seulement être atteint en 2015.
Source : Les Echos
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