Carburant de l’avenir, l’hydrogène n’est pas sans danger. Une société fribourgeoise en devenir, HyBiom, a développé avec l’Empa un procédé de stockage sans risque et à très haute capacité.
Avec ses tuyaux gainés de tresses d'inox, il a tout d'une petite usine à gaz, le générateur électrique autonome mis au point par HyBiom, l'Ecole d'ingénieurs de Bienne et le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux (Empa). Et, pour une fois, les apparences ne sont pas trompeuses, car cet appareil qui tient sur une table fonctionne effectivement au gaz. À l'hydrogène, pour être tout à fait précis, qui alimente une pile à combustible. Sur simple pression d'un bouton et dans un silence à peine troublé par le ronronnement de la pompe à air, ce générateur est capable de fournir une puissance continue de 500 watts - ou 1000 watts en pointe - sous 220 volts. De quoi faire fonctionner une perceuse, un frigo ou tout autre appareil électrique pendant une douzaine d'heures, indépendamment du réseau et sans émissions toxiques.
Hydrogène, pile à combustible, pompe à air… pourquoi une telle débauche technologique pour fournir le même service que n'importe quel générateur à essence? «Parce que l'hydrogène est le vecteur d'énergie de l'avenir», répond Rainer Warth, responsable financier et opérationnel chez HyBiom. Car la vocation de cette société en devenir n'est pas de construire des générateurs, aussi sophistiqués soient-ils, mais de développer et de commercialiser des systèmes de stockage d'hydrogène. À ce titre, cette machine est surtout un démonstrateur des performances des hydrates métalliques.
Pierre angulaire d'HyBiom, le professeur Andreas Züttel, qui a rejoint récemment l'Empa, travaille depuis dix ans sur ces «éponges à hydrogène» qui piègent de manière sûre de grandes quantités de gaz. Par rapport aux bombonnes traditionnelles où l'hydrogène est confiné à 250 bars, le stockage dans des hydrites métalliques présente de nombreux avantages. Ainsi, le module HyBiom 300 d'une capacité de 300 grammes d'hydrogène, soit 3,5 m ³ environ à pression ambiante, est composé d'une douzaine de tubes en acier inoxydable occupant un volume de 60 x 40 x 30 centimètres. Même si cela semble défier le bon sens, les hydrites permettent, à volume et poids égaux, de stocker beaucoup plus d'hydrogène que sous forme liquide dans une bouteille.
Surtout, le procédé est sûr par nature, contrairement au stockage sous pression où les risques d'explosion sont très importants en cas de fuite. En effet, les hydrites métalliques doivent être chauffés pour libérer l'hydrogène. La dépression provoquée par une fuite abaissant la température, l'émission de l'hydrogène est automatiquement bloquée. «C'est une sécurité intrinsèque», explique Andreas Borgschulte, qui fait partie de l'équipe du professeur Züttel.
Source : www.24heures.ch
Auteur : Laurent Aubert
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