Le plus écolo des programmes n’était pas celui qu’on a cru. Plus fort que Nicolas Hulot, plus pointu que Dominique Voynet, le dernier rapport de la Commission Syrota (cf. Enerpresse n°9219) est un bijou de prospective énergétique (à l’horizon de 2020-2050) et de propositions concrètes.
Reconnaissant qu’il n’y a pas d’alternative à la division par quatre de nos émissions de GES d’ici à 2050, le document préconise plusieurs dizaines de mesures, que ne renieraient pas les Verts. En Europe, Jean Syrota et ses complices suggèrent d’instaurer la taxe Cambridge, de vendre aux enchères les quotas de CO2, d’harmoniser les limitations de vitesse dans l’UE, de taxer les poids lourds et les voitures selon leurs émissions, de rendre publiques les performances énergétiques des appareils électroménagers tout en interdisant la vente des plus gourmands. Enfin, les ampoules à incandescence seront bannies de nos lampes.
L’Europe pourrait conclure un accord avec la Russie, grâce auquel l’approvisionnement de l’Europe serait garanti moyennant des aides à l’amélioration de l’efficacité énergétique russe. De vrais gendarmes des réseaux européens de gaz et d’électricité seraient déployés. En France, les rapporteurs suggèrent que les prochains gouvernements renforcent la sensibilisation des Français à la MDE et aux ENR. Les collectivités pourraient ouvrir des péages urbains. Et puisqu’il est question de voiture, la TIPP serait augmentée.
L’habitat n’a pas été oublié. Les propriétaires seront tenus de faire un «ravalement thermique» décennal. La performance thermique des immeubles sera régulièrement contrôlée par les pouvoirs publics. Les bâtiments neufs devront obligatoirement utiliser les ENR et être construits avec des matériaux ayant des performances énergétiques minimales.
Certains dadas de l’ancien président de la CRE figurent aussi dans son rapport, comme la suppression des aides publiques aux biocarburants et à la cogénération. S’il est clair que la surveillance du marché de l’électricité devra être renforcée, Jean Syrota milite aussi (et depuis longtemps) pour le remplacement d’autorité des compteurs actuels par des systèmes électroniques télé-relevables.
La recherche n’est pas le parent pauvre de la stratégie Syrota. Avec des cibles prioritaires telles que les biocarburants de 2e génération, la quatrième génération de réacteurs nucléaires (quand même !), la séquestration du CO2 et la conception d’immeubles à énergie positive. Qui dit mieux ?